A 15 h comme prévu, Delphine Batho s’est expliquée sur son attitude et son limogeage. Ecartée du Ministère de l’Ecologie mardi matin après avoir qualifié le budget de « mauvais », Delphine Batho déclare «avoir commis ni une erreur, ni une faute » et ne pas « avoir manqué à la solidarité gouvernementale » dénonçant l’absence de débat collégial sur les orientations budgétaires et précisant « le Premier Ministre a décidé cette année de changer de méthode d’arbitrage, sans discussions directes avec les ministres concernés (...) C’est fini la collégialité au sein du gouvernement ». Raisons de la discorde : Delphine Batho refuse l’amputation du budget de l’ADEME. Elle voulait des signaux forts en faveur de l’écologie à travers les investissements d’avenir et la fiscalité écologique et « ces demandes n’auraient pas été considérées comme raisonnables ». Pour les investissements d’avenir, la part attribuée à l’écologie « ne peut pas être résiduelle ou inférieure à ce qui a été consacré lors du précédent quinquennat » et pour la fiscalité verte, « l’évolution de la fiscalité des carburants doit être entièrement restituée aux français » a-t-elle précisée.
« Les forces résistantes au changement sont puissantes»
Delphine Batho a évoqué « certaines forces économiques » dans le secteur des gaz de schistes et du nucléaire « qui ne se sont pas cachées de vouloir sa tête ». « Si le gouvernement avait été solidaire, certaines forces économiques n’auraient pas eu ma tête ». Elle a cité en particulier l’entreprise Vallourec intéressée par l’exploitation des gaz de schiste dont le patron aurait annoncé il y a quelques temps aux Etats-Unis devant ses salariés « sa marginalisation ». Si « les forces résistantes au changement sont puissantes », Delphine Batho a toutefois découvert une réalité contrastée « avec des forces économiques qui ont intérêt à la transition énergétique et qui ne se font pas assez entendre. »
Delphine Batho « assume sa responsabilité de lanceuse d’alerte ». Elle n’a pas de projet précis, mais envisage de se mettre au service d’ONG comme la Fondation Nicolas Hulot. L’ex-Ministre de l’Ecologie qui ne pensait pas être virée, mais « imaginait provoquer une discussion » reste positive. Bien que « très exposé à l’action des lobbies », le Ministère de l’Ecologie est « le Ministère du possible, de l’avenir ».
Delphine Batho n’a pas « de dernier message ». On a eu sa tête, mais pas son âme et il semble bien qu’une fervente écologiste soit née.