Malgré un contexte réglementaire difficile, une industrie française de l’éolien commence à émerger. Les initiatives du cluster bourguignon Wind for Future (ou Wind 4 Future) témoignent du dynamisme des PME du secteur. La filière éolienne représente déjà plus de 1000 emplois en Bourgogne.
Installée fin 2007 sur la zone industrielle de Longvic, Céole fabrique des tours d’éoliennes. Son fondateur et Président Dominique Legros, depuis 30 ans dans la métallurgie-chaudronnerie, l’a créée pour répondre aux besoins du marché français (8000 tours éoliennes à installer d’ici à 2020 selon les objectifs du Paquet Energie Climat). Fabriquer sur place est plus intéressant que recourir aux sites de construction éloignés (Danemark, Allemagne, Espagne). Selon un article de infos-dijon.com, Céole va s’étendre et construire un bâtiment de 45000 m2 à Longvic pour répondre à la demande. L’entreprise, qui a bénéficié d’une aide de l’Etat à la ré-industrialisation de 2 millions d’€, prévoit de dépasser rapidement la centaine d’emplois.
Autre entreprise majeure du secteur, SIAG France, au Creusot, produit plus de 80 mâts d’éolienne chaque année et emploie environ 90 personnes.
250 personnes travaillent dans la fabrication de pièces mécaniques comme les roulements d'orientation (SKF, CMD engrenages,...), 300 travaillent dans la câblerie et équipements électriques, 50 en maintenance, une centaine dans le génie civil et une centaine également dans les bureaux d'études et développement.
Des formations bien calibrées
Avec plus de 1300 participants, le 1er forum des métiers de l’éolien qui s’est tenu à Dijon le 19 octobre dernier a connu une affluence supérieure aux attentes.
Le lycée Henri Parriat de Montceau (Saône et Loire) a rejoint le cluster éolien Wind for Future. Il forme chaque année une vingtaine de BTS électrotechnique, une spécialité recherchée par la filière qui utilise des composants électriques et électromécaniques.
Le lycée Gustave Eiffel de Dijon a ouvert un module de formation de « techniciens en maintenance éolienne » qui a accueilli ses 8 premiers stagiaires. But : Permettre chaque année à plus d’une dizaine de jeunes de trouver à l’issue, un emploi stable et qualifié en région. Côté R&D, le lycée réalise une soufflerie d’essai pour éolienne.
Pourtant le parc naturel national Champagne-Bourgogne veut exclure les éoliennes !
Si la Bourgogne compte déjà quelques parcs éoliens (celui de Saint-Seine l’Abbaye compte 25 éoliennes , celui de Marcellois-Massingy, de 12 machines, entrera en service en janvier 2012), les implantations futures sont compromises. Les entreprises et représentants du cluster Wind for Future s’inquiètent des modifications qui pourraient être apportées au schéma régional éolien et qui les priveraient d’un quart du gisement éolien (Voir leur lettre ouverte)
Renseignement pris, c’est un projet de parc naturel national (de Champagne Bourgogne) qui s’avère particulièrement discriminant pour les éoliennes. Mais pourquoi les éoliennes qui ne rejettent ni CO2, ni déchets radioactifs ni autres émanations suspectes, seraient-elles incompatibles avec un parc naturel national ? Mystère. Curieusement les parcs régionaux les acceptent mais pas les parcs nationaux. Ce même parc naturel national qui ne veut pas d’éoliennes, abritera le Centre d’Essais Atomiques de Valduc qui manipule des matières nucléaires… ce qui ne le rend pas engageant pour les balades écolos, mais revenons au sujet.
Le schéma régional éolien de Bourgogne, explique Emmanuel Schuddinck, Délégué Général de Wind for Future, a été établi avec les associations et les parties prenantes (communes concernées), et a fait l’objet d’une première enquête publique en septembre 2011. Lors de la seconde phase d’enquête publique réservée aux élus, des personnes qui ne s’étaient pas manifestées au départ, « des élus haut placés », ont demandé à modifier la carte. Un parc éolien est remis en question car il présenterait « un risque de co-visibilité sur le vignoble de Bourgogne ». Que l’autoroute A6 traverse ce même vignoble, n’a, par contre, jamais posé problème… A la demande de 4 élus, le futur parc naturel Champagne Bourgogne qui, au départ excluaient 15 communes de toutes activités dans l’éolien, a vu subitement son périmètre passé de 500 km2 à 1000 km2 et enlève à 70 communes la possibilité d’accueillir des éoliennes. Certaines d’entre elles ont pourtant déjà engagé des études et ont obtenu l’accord du préfet pour être en ZDE. Emmanuel Schuddinck déplore que « tout le travail effectué soit remis en cause par quelques élus ». «Ce qui est choquant, c’est la manière de faire très anti-démocratique, venir après coup, ne consulter personne et demander une modification majeure » déclare-t-il. Emmanuel Schuddinck plaide pour que la « zone cœur de parc », en exclusion complète, ne concerne que 30 communes, que les 35 communes « en zone de vigilance » puissent avoir des éoliennes si elles le souhaitent, et que les 4 ou 5 commune en périphérie complète qui ont déjà des éoliennes ou des projets éoliens soient sorties de la liste.
Alors que l’année 2011 s’achève sur fond de désindustrialisation, de montée du chômage et de grande déprime, espérons qu’en 2012, des consciences plus éclairées libèrent enfin les énergies d’avenir.
Présentation de Wind For Future http://www.colorwatt.com/article-wind-4-future-est-l-un-des-laureats-grappes-d-entreprises-65833957.html
D’autres infos sur www.windforfuture.com