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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 14:29

 

Le projet de décret annoncé par le gouvernement pour suspendre l’obligation d’achat de l’électricité solaire a plongé la profession dans l’émoi. « Ces dispositions ne sont pas rassurantes » a déclaré André Antolini, Président du SER (Syndicat des Energies Renouvelables). Elles entraineront des difficultés importantes pour les entreprises. On ne peut pas mettre une activité industrielle entre parenthèses pendant 4 mois. « On nous exhorte à faire des investissements industriels » mais il faut « qu’un minimum de confiance s’installe chez les opérateurs ». Et ce n’est pas le cas. L’arrêté tarifaire qui a pris effet au 1er septembre a été suspendu le 2 décembre. Il n’y a pas  « de mécanisme lisible et pérenne ».

 

« Mesure scélérate » et situation schizophrénique

 

Le décret (par effet rétroactif)  va mettre des tas d’entreprises pourtant engagées dans des projets avancés,  dans des situations impossibles,  avec une perte de leur droit à l’obligation d’achat.  Gros cafouillage  en perspective. L’arrêté impose des délais de 18 mois qui ne sont pas tenables. Seuls les projets en file d’attente ayant versé un acompte auraient droit à l’obligation d’achat, mais beaucoup de projets en file d’attente  n’ont pas encore reçu leur PTF (Proposition Technique et Financière) et n’ont donc pas versé leur acompte, car ERDF n’est pas toujours en situation de fournir un PTF dans un délai de 3 mois.  Même certains qui ont versé déjà leur acompte pourraient se trouver en difficulté aussi.  Pour les petites installations photovoltaiques  comme pour les grandes, la principale cause de non réalisation d’un projet est l’obtention d’un crédit. Et sans obligation d’achat, pas de crédit.

 

Arnaud Mine (Président de SOLER et Président d’Urbasolar) dénonce une mesure « scélérate » vis-à-vis des entreprises. Comment créer une industrie française dans de telles conditions. « Cela ne se fait pas en claquant des doigts , quoiqu’en pensent certains blottis dans leur Ministère »

 

Des entreprises qui ont investi dans la fabrication sur le territoire national

 

Plus d’une dizaine d’entreprises ont des capacités de production de modules photovoltaiques  en France et certaines font du chiffre d’affaires à l’export.  Il s’agit de Tenesol (85 MWpour la capacité de production en 2010), Fonroche (90 MW), Sunland 21 (35 MW), Sillia Energie (20 MW), Auversun (22 MW), Francewatt (5 MW), Solarezo (50 MW) Voltec Solar  (20 MW), Solaire Direct (30 MW). Dans la production intégrée, on trouve Photowatt (95 MW), First Solar (110 MW), MPO (100 MW). Il y a également des projets de développement d’unités industrielles chez Nexcis et  Solsia.  Côté installateurs, Stéphane Muyard, Directeur des Opérations chez Sunnco précise que Sunnco a créé 500 emplois en 3 ans. Eric Vincent de GDF-Suez s’insurge contre cette « idée qui circule » selon laquelle « il ne pourrait pas y avoir de marché français du photovoltaïque ». GDF prendra l’initiative de réunir tous les acteurs de la filière début janvier « pour travailler sur un plan stratégique global ».

 

Plus de 25 000 emplois en France

 

L’ensemble du secteur (autant en amont qu’en aval) représente déjà  plus de 25 000 emplois. Le secteur est susceptible d’employer 52 000 emplois en 2020 à condition que l’on ne plafonne pas le volume du photovoltaïque  à 5400 MW.

 

Et quid de tous ces panneaux chinois censés envahir la France par containers entiers ?

 

Il faut arrêter d’agiter « l’épouvantail chinois ». André Antolini  récuse la formule systématique « panneaux chinois de mauvaise qualité ». Il y a des panneaux chinois, ils ne sont pas tous de mauvaise qualité, et le dénigrement, «  ce n’est pas une bonne façon d’affronter la concurrence » répond André Antolini. Sur le marché français, les fournisseurs chinois ne sont qu’en 3ème et 4ème position derrière First Solar (américain) et Tenesol (français, 1200 personnes dont 800 en France). Dans les 10 premiers fournisseurs de modules en France, il y a d’autres français bien placés : Photowatt (5ème position) et Fonroche (7ème position).

 

Et cette fameuse file d’attente ?

 

La grande frayeur, c’est cette file d’attente supposée être de 4 GW. Mais « on n’a pas accès aux infos, elles sont toutes centralisées » déclare Arnaud Mine. Présent à la conférence de presse et interrogé sur sa part dans la file d’attente, EDF EN, par la voix de son représentant, Yvon André a démenti occuper les ¾ de la file d’attente et estime que sa part tourne autour de 15 à 20% . Le Syndicat des Energies Renouvelables réclame de la transparence mais n’exige  pas «une  purge de la file d’attente » (bizarre cette mesure stalinienne réclamée par l’APESI).

 

Le SER préconise le maintien d’un volume minimal de 600 MWc de nouveaux projets en 2011 et de 700 MWc en 2012 pour lisser au maximum la courbe des installations (et réduire l’effet « dent de scie » du à l’éclusage de la file d’attente) afin de préserver la filière.

 

La profession ne va pas descendre dans la rue, mais  prépare des amendements au décret « pour desserrer l’étau ». Ces amendements seront présentés au Conseil Supérieur de l’Energie qui se tiendra jeudi prochain.

 

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