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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 16:36

 

Le 1er février le 12ème Colloque du  Syndicat des Energies renouvelables a rassemblé plus de 1000 personnes et fait salle comble au Cnit à Paris. Certaines contributions ont témoigné de  l’inquiétude des représentants de la filière photovoltaïque, d’autres ont généré de l’espoir. Les technologies progressent et se généralisent, les coûts  des énergies renouvelables vont diminuer et la parité réseau n’est plus très loin.

 

Poujoulat est lauréat du Trophée 2011 des Energies Renouvelables

Le Trophée 2011 des Energies Renouvelables a été remis par Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre de l'Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement, à Frédéric Coirier, Président du Directoire du groupe Poujoulat (1200 personnes). Siègeant à Saint-Symphorien dans les Deux-Sèvres,  l’entreprise Poujoulat est leader européen des conduits de cheminée.

 

Le SER cherche des solutions pour la filière photovoltaïque

« Je voudrais que les opérateurs du photovoltaïque sachent que le Syndicat des Energies Renouvelables est mobilisé pour trouver des solutions acceptables à la situation qu’ils vivent actuellement », a souligné le Président du SER André Antolini, en introduisant la journée.  Concernant l’issue du moratoire, André Antolini plaide pour qu’« un tarif intermédiaire », ou «dispositif de transition » soit appliqué aux projets qui n’ont actuellement plus de tarif,  afin qu’ils ne soient pas contraints de repartir à zéro. « Il serait paradoxal de dire que le 10 mars, les nouveaux projets arrivent dans la file d’attente au même titre que les anciens ».

 

Arnaud Mine : «Une industrie photovoltaïque française est encore possible »

Lors d’une table ronde consacrée à l’industrie, Arnaud Mine, Le Président de SOLER (branche photovoltaïque du SER) a déclaré « il y a un futur industriel pour la filière photovoltaïque en France, mais avec 500 MW, on ne développe pas une industrie, à moins de 1 GW, on n’arrive à rien. Nous voulons créer une industrie, nous pensons que c’est possible ». Une des conditions : « revoir la méthode de calcul de la CSPE ».

 

Eolien : Le combat d’André Antolini

A la fin d’un discours, André Antolini, a rappelé qu’il avait décidé de quitter  la présidence du SER après « 13 ans de combat difficile »,  et a fait une confidence « Si vous me demandez de mettre en exergue ce dont je suis le plus fier dans l’action à laquelle j’ai consacré ma vie ces 13 dernières années, je vous dirais sans doute que c’est d’avoir obstinément résisté contre vents et marées, contre les scepticismes et les conservatismes à tous ceux qui disaient que nos combats étaient vains et notamment celui que j’ai mené pour, malgré tout, permettre à l’énergie éolienne d’occuper sa place dans notre pays ».

 

Le parc éolien français est numéro 3 sur le podium européen

Avec 5660 MW installés au 31 décembre 2010 (dont un marché annuel 2010 de 1086 MW), la France est le 3ème marché européen de l’éolien derrière l’Allemagne (27214 MW) et l’Espagne (20676 MW). Représentant encore une part modeste de la production électrique (2%), la production du parc français sur l’année se monte à 9,6 millions de MWh. 180 sous-traitants, regroupés sous la bannière  Windustry France,  sont actifs dans l’éolien en France, et 11 000 personnes travaillent directement dans la filière.  Le 1er appel d’offres pour l’éolien offshore de 3000 MW qui sera lancé au 2ème trimestre 2011, représentera un investissement privé de 10 milliards d’€ et plusieurs milliers d’emplois. André Antolini estime que pour atteindre l’objectif de l’appel d’offres, il faut que le volume potentiel soit supérieur à l’objectif. « Il faut que la capacité mise au concours soit supérieure à 3000 MW, si on veut avoir 3000 MW à l’arrivée ».

 

« La provoc’ » de Maryse Arditi

 Lors d’une table ronde consacrée à « l’insertion des énergies renouvelables dans leur environnement », après une intervention  de Laurent Michel (Directeur général de la prévention des risques  au Ministère de l’Écologie) sur la nouvelle réglementation des éoliennes, Maryse Arditi s’est emportée.  « Là, je bous un petit peu. Je vais faire un peu de provoc’ » s’est exclamée la représentante de France Nature Environnement . « Sur l’éolien, on arrivait  à une compétitivité correcte avec le coût de l’électricité. On avait la réglementation qu’il fallait avec l’étude d’impact, l’enquête publique, le permis de construire. Et on a eu l’ICPE, les garanties financières… mais on n’en demande pas autant à l’industrie chimique en France ! » M. Laurent Michel proteste « je ne peux pas laisser dire ça » et Maryse Arditi rétorque « combien d’installations classées sont soumises à garanties financières ? », puis Maryse Arditi poursuit : « L’éolien, on ne peut plus le tuer financièrement, c’est rentable, alors on essaye de le tuer réglementairement. Le photovoltaïque, on peut encore le tuer financièrement, c’est ce que l’on fait (…) Il faut au contraire mettre les moyens pour développer ces filières. Personne n’a fait le calcul de tout l’argent que l’on a mis dans le nucléaire depuis 1948 ». Salve d’applaudissements dans la salle.

 

 80% d’ENR en hiver au Portugal, sans problème pour le réseau

Carlos Pimenta, ancien Secrétaire d’Etat à l’environnement du Portugal et Président de Eneop (un cluster éolien compétitif d’une trentaine d’entreprises qui a contribué à redynamiser l’économie) , a annoncé que « les ENR ont contribué à hauteur de 53% à la consommation électrique du pays en 2010 ».   « Pour nous, c’est normal d’avoir jusqu’à 80% de renouvelables en hiver dans le réseau, cela ne pose pas de problème » a-t-il ajouté.

Comment est-ce possible ? On a souvent entendu en France qu’au-delà de 30% d’ENR sur le réseau, ça n’allait plus du tout, « on risquait le black out », « il fallait faire ses provisions de bougies », etc... Bon,  le matin, le Président  de RTE en personne, Dominique Maillard, nous avait quand même rassuré « il n’y a pas d’opposition entre notre réseau de transport et les ENR ». « L’intermittence est une caractéristique, ce n’est ni une qualité, ni un défaut » a précisé Dominique Maillard lors d’un intéressant exposé sur les outils développés par RTE pour permettre de réduire les facteurs d’incertitude induits par l’arrivée des ENR sur le réseau.

 

François de Rugy fait rire tout le monde  

Le député Vert de Loire-Atlantique François de Rugy (celui qui, en d’autres circonstances, a posé la question de la réforme du système de retraite  privilégié des parlementaires) à propos du moratoire sur le photovoltaique : « Je plaide depuis des années pour la stabilité et la visibilité (…) mais qu’est ce qu’on aurait dit si on avait décidé un moratoire sur les voitures qui n’ont pas de pot catalytique (…). On dit « le solaire, on veut que ça marche ». Pour une fois que l’on a un secteur qui marche. Ça marche trop bien, alors on arrête (…) »

Puis à propos de l’éolien : «  Le secteur éolien, c’est 20 milliards d’investissements privés, et on n’arrête.  Pourtant on ne crée pas de l’endettement ni du déficit budgétaire avec la CSPE ! L’éolien terrestre étranglé à cause du Grenelle ? On est chez les fous… La faute à qui ? C’est M. Ollier, il ne s’en cache pas. Dieu nous en garde, il n’a pas été nommé Ministre de l’Energie (…) Maintenant, dans l’éolien offshore, on nous dit « on fait des projets, mais attention, il faut qu’il y ait consensus ». Dans notre région, il y a consensus sur 2 projets. Sur le projet vendéen il y avait consensus, M. de Villiers avait arrêté la politique avant, mais on n’a pas eu le projet. L’explication elle est dans les propos tenus par le Président de la République juste après « je tiens à vous dire, notre priorité c’est le nucléaire ». (…) La question est de savoir si on met tous nos œufs dans le même panier (…). Une fois, à l’Assemblée, j’ai proposé d’arrêter les subventions publiques au nucléaire et on m’a dit « mais vous voulez tuer le nucléaire ! » ça veut bien dire que le nucléaire engage aussi des investissements publics (…) La réalité c’est que les ENR ça marche et que ça  ne plait pas à certains ».

 

Les ministres  (qu'il ne faut quand même pas oublier)

Eric Besson, Ministre de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie Numérique :

« Oui, je suis un défenseur du nucléaire civil assumé mais je suis convaincu que notre pays doit diversifier son bouquet énergétique et respecter les objectifs du Grenelle ». Eric Besson a rappelé qu’il avait soutenu l’installation de 5 éoliennes au Sud de Montpellier qu’il considérait un peu comme les siennes.

Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement :

A propos du photovoltaïque, Nathalie Kosciusko-Morizet a déclaré « le pilotage par les coûts n’est pas un tabou » et n’exclut pas de revoir l’objectif « en termes de volume de CSPE et non de puissance ».

A propos de l’éolien terrestre : «  Je serai vigilante à ce que ce cadre (celui des schémas régionaux) nous permette d’atteindre notre objectif d’au moins 500 mâts par an » Nathalie Kosciusko-Morizet a précisé aussi qu’elle appréciait l’évolution des collectivités locales beaucoup plus favorables qu’avant aux ENR et parfois demandeuses.

Concernant la filière biogaz, Nathalie Kosciusko-Morizet, a affirmé sa conviction que la France dispose d’avantages compétitifs considérables sur le secteur « Nous demandons ensemble au Premier ministre d’avancer rapidement sur l’établissement d’un dispositif complet de soutien : tarif de rachat et conditions d’injection dans les réseaux. C’est l’un des sujets importants de ce mois de février

Pour l’éolien offshore, les deux ministres ont annoncé une consultation du 1er au 28 février 2011 accessible en ligne.http://www.developpement-durable.gouv.fr/Eolien-en-mer-consultation-sur-les.html

 

Voici un aperçu très partiel et sans doute partial de cette passionnante journée de débats. Le succès de ce colloque prouve que si les énergies renouvelables sont un combat difficile en France, beaucoup de professionnels et de citoyens sont prêts à le mener avec pugnacité.

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