Voilà des nouvelles qui éclairent ce printemps maussade et laissent présager que malgré la déprime et nos difficultés, la situation en France n’est pas complètement désespérée. Au vu des premiers résultats bruts de la consultation du 25 mai sur la transition énergétique (*), cette fameuse transition est considérée comme un bienfait. Pour plus de 66% des consultés, elle représente « une chance de s’engager dans un modèle de société plus sobre, avec une nouvelle qualité de vie, plus respectueuse de l’environnement ». Venant du peuple le plus pessimiste du monde, c’est sublime et c’est un message fort.
L’autre surprise, que certains signes annonçaient un peu (vu le succès des Colibris), c’est que les vrais gens(**) penchent davantage pour le scénario NegaWatt (économies d’énergie, efficacité, développement des EnR) que pour celui du MEDEF (coup de frein aux EnR).
Quelques extraits et quelques commentaires
(Les résultats n’intégrent pas les consultations Outre-Mer, encore en attente, les données définitives peuvent donc différer un peu).
La transition d’abord une chance, puis une urgence, puis une opportunité
Pour 66% des consultés, la transition est une chance. Derrière la chance, c’est l’urgence : A 47,53%, ils répondent que la transition est « Une urgence, car le modèle énergétique actuel n’est plus soutenable du point de vue de l’environnement ». Ensuite, « une opportunité : en terme de choix d’investissement qui permettent de créer de nouvelles filières d’emplois » est citée à hauteur de 32%. Ils ne sont que 3,51% à considérer que c’est « un risque fort, car cela met en danger les emplois actuels dans l’énergie dans un ensemble de secteurs lié directement ou indirectement à l’énergie » et seuls 1,24% estiment que c’est « un retour en arrière, cela va nous contraindre à renoncer à notre niveau de confort actuel ».
L’environnement est la motivation numéro 1
Les principales motivations pour que la France s’engage dans la transition énergétique : La réduction de la pollution et la protection de l’environnement est citée en tête (37,5%), devant la réduction de l’importation des énergies fossiles pour devenir plus indépendant (32%), et le développement des EnR (30%). Les autres thèmes (anticiper la raréfaction des ressources en pétrole et en gaz, lutter contre le changement climatique, prévenir l’augmentation des prix des énergies, …) font des scores plus faibles.
Les postes de consommation d’énergie sur lesquels les consultés ont le sentiment de pouvoir agir : D’abord les déplacements (45,75%). C’est peut-être signe que même les captifs de l’auto (ceux qui n’ont pas de transports en commun à proximité) se sont mis à covoiturer (j’en connais plus d’un qui en sont ravis). Viennent ensuite : « La consommation courante, en choisissant des produits et des services qui demandent peu d’énergie» (35%), « le comportement et les petits gestes »( 34%), « les investissements sur l’isolation thermique de mon logement (33%).
Beaucoup craignent de basculer dans la précarité énergétique
A la question « Vous-même vous considérez vous en précarité énergétique ? » 43 % répondent « pas encore, mais j’ai des craintes », 41% répondent « non », 11% répondent « oui » (5% n’ont pas répondu).
Aller vers une forte réduction de la consommation d’énergie, est perçue comme une chance aussi. 33,6% répondent « c’est une chance pour la société française parce que cette réduction va demander de nouveaux équipements et de nouvelles activités qui vont soutenir l’économie ». 26% estiment que c’est « une chance pour les ménages et les entreprises qui vont pouvoir maitriser leur facture énergétique tout en vivant ou fonctionnant comme maintenant, en mieux » et 24% que « c’est un moyen de réduire notre impact sur l’environnement ». Ils sont beaucoup moins (6,54%) à considérer que c’est « une contrainte pour les ménages et les entreprises », ne sont que 3, 53% à penser que c’est « une mise en cause trop importante du libre choix de nos modes vie et de notre consommation » et 2% à juger que c’est « un fort ralentissement d’un des moteurs de la croissance et la compétitivité de l’économie française ».
Sur la partie « Risques, Bénéfices, et Moyens » :
Le souci des générations futures
A la question « Quelle serait pour vous les principales conséquences pour la France de ne pas changer sa stratégie énergétique ? » En tête, 49% répondent « un risque de faire porter aux générations futures la nécessité d’agir dans l’urgence ». Donc nos concitoyens, dont une forte proportion redoute de tomber dans la précarité énergétique, ne sont pas dans une logique de court-terme.
Décentralisation énergétique, autonomie et EnR
Projection en 2050. Et si la transition énergétique était réalisée, quel effet ? Citée en tête (35%) « la majorité de l’énergie est produite et consommée localement, à l’échelle des bassins de vie » Puis (32 %) « La France est autonome sur le plan énergétique, du coup la balance commerciale s’est rééquilibrée », ensuite (31,49%) « La création de nouvelles filières économiques liées aux énergies renouvelables a permis de créer des milliers de nouveaux emplois ».
Les décisions à prendre : R&D et investissements dans les EnR
Concernant les grandes décisions à mettre en œuvre rapidement, sont citées d’abord (49,75%) : « Lancer un vaste programme de R&D national et européen », puis (45,77%) : « réorienter les investissements vers les énergies renouvelables et le développement de filières économiques » et (39,50%) « Introduire une fiscalité écologique et incitative : Prêt à Taux Zéro, subvention, déduction fiscale, certificats énergie, système de bonus/ malus... ».
Des citoyens plus éco-responsables
Quel rôle privilégier pour les citoyens dans la mise en œuvre de la transition ? Largement en tête (63,78%) : « Les citoyen-ne-s seront avant tout acteurs via la maitrise de leur consommation individuelle : réduction de la consommation, comportements plus sobres, investissement dans leur logement et les équipements plus performants, choix de fournisseurs d’énergie et des sources d’énergie ».
Quelles contreparties acceptables à la hausse du prix de l’énergie ? En tête (49%) : « Si le nouveau modèle énergétique a des effets positifs sur l’environnement et la santé ».
Après la journée d’échange, 77,45% des consultés estiment que la transition énergétique « aura un effet plutôt positif pour la société française ».
La journée citoyenne et la démarche participative sont plébiscitées
Les consultés sont majoritairement (67%) satisfaits de l’organisation de la journée citoyenne dans leur région. Et à la question «Faudrait-il organiser dans le futur d’autres démarches de participation nationale, comme cette Journée citoyenne, sur des sujets différents ? », 75% répondent « Tout à fait ».
Les consultés sont plus mitigés sur l’impact des résultats de cette consultation sur les choix politiques en faveur de la transition énergétique au niveau régional et national.
Tous les résultats bruts sur :
http://www.transition-energetique.gouv.fr/sites/default/files/resultats_journee-citoyenne_25mai.pdf
(*) Le 25 mai, dans 14 régions volontaires, plus de 1000 citoyens ont échangé sur les
enjeux de la transition énergétique. Après avoir reçu une information équilibrée (livret d’information au préalable et diffusion de vidéos en séance), et débattu entre eux, ils ont chacun répondu à 18 questions clés.
(**) A propos des participants, le communiqué du Secrétariat Général du Débat National sur la Transition Energétique, précise qu’ils ont été « recrutés par des instituts de sondage spécialisés pour assurer une diversité des panels », mais que les panels « ne sont pas statistiquement représentatifs de la population Française » et que cela « n’est pas un sondage ». Vous suivez ? Moi, j’ai juste retenu que les consultés ne sont ni des éminences de l’énergie, ni des marketeux du secteur, ni des khmers verts, car les sondeurs ont « veillé à ce que les participants ne soient pas impliqués dans la transition énergétique, à titre professionnel ou militant » selon le communiqué.