En résumé : Beaucoup de combats, un peu de rêve et des grosses embrouilles avec les radars.
Des régions et des collectivités motivées par la transition énergétique
* Pour Gilles Retière, Président de Nantes Métropole, maire de Rezé, « les collectivités doivent être le lieu des solutions pour engager la transition énergétique». L’agglomération nantaise veut doubler sa production ENR d’ici 2020, a engagé une extension de ses réseaux de chaleur pour diminuer la facture des ménages, accorde des primes aux particuliers pour le solaire thermique et va installer 20000 m2 (*) de photovoltaïque sur les bâtiments publics d’ici 2014. Une réflexion est en cours pour expérimenter du petit éolien.
* Les Pays de la Loire sont dans le vent. La région s’est fixée un objectif de 1750 MW d’éolien terrestre en vue de diversifier son mix et veut devenir la capitale des énergies marines renouvelables, a précisé Christophe Clergeau, 1er Vice-Président du Conseil Régional des Pays de la Loire. Il s’agit d’un pari industriel et la région peut s’appuyer sur plusieurs atouts : un grand port maritime, des compétences industrielles (Alstom, DCNS, STX, Rollix), un centre de maintenance (Net-Wind), des ressources de haut niveau (dont l’Ecole Centrale de Nantes, Polytech), de la R&D (à travers notamment l’Institut de Recherche Technologique Jules Verne). « Mon premier combat est de faire de l’éolien offshore la priorité des énergies marines renouvelables » explique Christophe Clergeau qui se méfie du plan « Croissance Bleue » de la DG Mare et de sa communication restreinte aux énergies hydrolienne et houlomotrice, susceptible de faire l’impasse sur l’éolien. Le SER le soutient totalement sur le sujet, a dit Jean-Louis Bal.
Jean-François Gendron (Président de la CCI de Nantes St-Nazaire) a annoncé, ravi « Nous avons réussi à faire en sorte qu’Alstom implante son usine de génératrices et de nacelles sur notre territoire ».
* Christian Fraud, DG de Dunkerque Promotion, a déclaré que la Région Nord-Pas-de-Calais hébergeait 69 entreprises intéressées par l’éolien et avait aménagé des zones d’activités permettant à des industriels de travailler. Il a cité le port de Dunkerque qui a déjà été utilisé par Vestas pour assembler ses éoliennes. « Alors que d’autres territoires européens lorgnent vers ces marchés », il a regretté « toutes ces procédures réglementaires qui sont au détriment de l’emploi » et qui empêchent les régions de faire valoir leurs compétences industrielles.
D’autres infos lors des tables rondes et à la conférence de presse du 13 décembre
* Pierre Bornard, Vice-Président de RTE, a rappelé que 19 GW d’éolien terrestre en 2020 nécessitait un investissement de 1 milliard d’€ dans le réseau sur 10 ans. « Le problème n’est pas d’avoir les moyens de faire cet investissement, mais celui d’avoir l’autorisation de le faire » a-t-il précisé.
* Que va faire Enel des 625 millions d’€ qui lui seront remboursés suite à son retrait de l’EPR ? Les investir dans l’éolien ? « Certainement » a déclaré Michel Crémieux, Président d’Enel France.
* Andreas Goergen, Président Europe Sud-Ouest de Siemens, a plaidé pour un marché européen de l’énergie. « Si une concurrence au niveau des produits est nécessaire (…), au niveau des projets, nous avons besoin de collaboration ». Il a cité la construction de la ligne HDVC entre l’Espagne et la France dont Siemens est en charge, comme la 1ère brique possible d’un grand réseau européen. Mais Pierre Bornard de RTE n’est pas très enthousiaste, « ne nous fixons pas ça comme la brique d’architecture de l’avenir » a-t-il déclaré en évoquant le besoin d’autres lignes conventionnelles classiques.
* Xavier Lefort de l’ADEME : « Le développement des ENR passera prioritairement par le développement de la filière éolienne » et sur les questions de prévision : « Plus on a d’éoliennes installées, moins on a de problèmes de prévision».
* Chantal Jouanno, Sénatrice de Paris, a entendu des mots très durs lors des débats du projet de loi de finances et constaté une « violence des discours des uns et des autres peu favorable au consensus ».
* L’aveu de Paul Elfassi, avocat du SER : «Il y a trop de réglementation. Mon rêve, ne plus être à cette table (…) A mon avis, le droit doit disparaître massivement du déploiement de projets éoliens (…) La concertation, tous les acteurs sérieux en font, pas besoin de droit pour cela ».
* ERDF annonce avoir inauguré VENTEEA, un démonstrateur pour les réseaux électriques intelligents qui va permettre de mieux intégrer la production éolienne dans le réseau.
* Les grands opérateurs laisseront-ils de la place aux petits ? « Dans les ENR, les grands opérateurs n’ont qu’une petite part de marché, dans l’éolien en France, GDF-Suez a 15% et EDF EN, 6% » m’a répondu Yvon André, Directeur Général d’EDF EN France. Encore faut-il que les petits aient les reins solides.
* Marion Lettry, Responsable de la filière éolienne du SER, a révélé les résultats inquiétants d’une enquête auprès des membres du SER sur les 1ers retours d’expérience de l’application ICPE aux parcs éoliens. L’ICPE a encore rallongé les délais (entre le dépôt de la demande et la recevabilité du dossier – qui marque le début de l’instruction – il faut compter 7 mois). D’autre part, un tiers des projets recensés et concernés par la proximité d’un radar ont reçu un avis défavorable des opérateurs radars.
Eoliennes /radars : un dialogue plus facile avec l’Armée qu’avec Météo France !
Météo France a 24 radars en métropole, 2 radars à la Réunion et 1 radar en Guadeloupe. L’interaction éolienne/radar produit un signal perturbé et le filtrage du signal n’est pas facile, dit François Jacq, PDG de Météo France. On l’aura compris, les radars excluent beaucoup d’éoliennes. Jérôme Billeret, Président d’Aérowatt qui fait 30% de ses activités Outre-Mer et qui a plein de soucis (un de ses parcs dans les DOM, bien accepté par la population, est remis en cause) évoque le cas de ses éoliennes qui étaient là avant le radar. François Jacq répond que Météo France n’a pas mis un radar là pour stériliser les éoliennes. La discussion est-elle plus facile avec l’armée qu’avec Météo France ? Un peu embêté, Laurent Michel, Directeur Général de la DGPR (Direction Générale de la Prévention et des Risques) dit qu’il y a un droit d’antériorité pour les éoliennes existantes par rapport aux radars.
Moi, j’ai cru que j’étais chez le père Ubu. Mais comment font les allemands ? Ils ont bien des radars aussi chez eux, non ? Pour rappel, en France, plus de 3000 MW d’éolien sont bloqués par des radars.
A St-Georges, les éoliennes ont fait baisser les impôts de 16%
Dans le village de St Georges sur Arnon (600 habitants, dans l’Indre), le parc de 12 éoliennes a fait baisser les impôts locaux de 16% en 2012 et l’implantation d’un centre de maintenance a créé 8 emplois, a expliqué le maire Jacques Pallas (qui a été très applaudi). Les revenus du parc ont permis d’acheter un tracteur et divers équipements.
Le rêve contrarié de Marc Vergnet
Marc Vergnet, le pionnier de l’éolien terrestre français, pris à ses débuts pour « un paria » (c’est dire le mépris dans lequel on a longtemps tenu l’énergie éolienne dans notre pays), faisait un rêve il y a dix ans : Installer des éoliennes chez les agriculteurs pour leur permettre de diversifier leur activité. Bien qu’il y eût beaucoup de candidats intéressés, Marc Vergnet n’a pas pu réaliser son rêve en France, se heurtant à la réglementation. Ce rêve, il l’a concrétisé en Italie, en Grande-Bretagne, en Lituanie. L’entreprise Vergnet s’est tout de même retrouvée en grandes difficultés et vient d’être soutenu par le FSI (Fonds Stratégique d’Investissement) entré dans son capital à hauteur de 4,6 millions d’€. Il semble que Marc Vergnet n’ait pas rêvé pour rien. En France, des initiatives ont émergé dans l’éolien participatif. A travers Energie Partagée, des projets éoliens et solaires portés par des citoyens et des agriculteurs commencent à voir le jour. Heureusement qu’il y a chez nous quelques parias qui rêvent.
D’autres news sur l’éolien :
Areva et STX France ont annoncé un accord de coopération pour optimiser les fondations des éoliennes en mer.
Vendredi 14, la production éolienne chez nous est montée à plus de 5700 MWh, couvrant près de 8% de la consommation d’électricité a signalé France Energie Eolienne dans un communiqué.
(*) et non pas 20000 MW comme écrit initialement par erreur.